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Élisée Nlemba : “L’éducation numérique peut changer une vie”

Étudiant du Mastère Spécialisé® Manager de Projets et Programmes à SKEMA, Élisée Nlemba est aussi cofondateur et président de l’association HUMANI’SPHERE. À travers cette structure, il mène un ambitieux projet de centre de formation au numérique à Garoua, au nord du Cameroun, le tout soutenu par SKEMA Business School. Rencontre avec un étudiant engagé.
Depuis quand êtes-vous investi dans l’action humanitaire ?
Mon engagement humanitaire prend racine il y a plus de cinq ans, au cœur de mon parcours universitaire au Cameroun. C’est à cette époque, en dirigeant une association étudiante (Randonnée sociale et citoyenne), que j’ai pris conscience de la puissance de l’action collective. Loin d’être une activité ponctuelle, l’humanitaire est rapidement devenu pour moi un véritable moteur de sens.
À travers des conférences, des campagnes citoyennes, et surtout des actions de terrain, j’ai découvert qu’on pouvait être un levier de changement, même à petite échelle. C’est cette conviction, ancrée profondément en moi, qui guide encore aujourd’hui chacune de mes initiatives, convaincu que notre génération a un rôle majeur à jouer dans la construction d’une Afrique plus juste et plus solidaire.
Comment est née l’association HUMANI’SPHERE ?
HUMANI’SPHERE est née d’un besoin urgent de faire émerger des réponses locales face aux inégalités que je constatais sur le terrain. En sillonnant certaines zones reculées du Cameroun, j’ai vu des jeunes en rupture d’accès à l’éducation, des écoles sans ressources, des talents étouffés par l’absence d’opportunités.
Nous avons signé une convention avec un collège local pour rénover une salle de classe et en faire un espace technologique
Plutôt que de rester spectateur, j’ai voulu fédérer une énergie collective. C’est ainsi qu’est née HUMANI’SPHERE : une association portée par des valeurs fortes : humanité, engagement et équité, avec l’ambition de renforcer les capacités locales, en particulier chez les jeunes.
Vous développez actuellement un projet soutenu par SKEMA. De quoi s’agit-il ?
Nous portons un projet ambitieux baptisé Garoua Digital Academy. L’objectif est clair : créer un centre de formation numérique dans un établissement public de Garoua, au nord du Cameroun une région encore peu connectée aux dynamiques du digital. Nous avons signé une convention avec un collège local pour rénover une salle de classe et en faire un espace technologique équipé (ordinateurs, internet, mobilier adapté).
Nous collaborons également avec l’Institut Africain d’Informatique pour assurer la qualité des contenus pédagogiques et des certifications. Ce projet vise à démocratiser l’accès aux compétences numériques et à réduire la fracture technologique, en particulier chez les jeunes filles.
Quels débouchés espérez-vous offrir à ces jeunes formés ?
Nous visons des formations certifiantes de trois à cinq mois, orientées vers la bureautique, la gestion numérique de base, ou l’auto-entrepreneuriat. Mais au-delà de l’aspect technique, ce que nous proposons, c’est un cadre d’expression, un espace de confiance. Nous voulons que ces jeunes repartent avec des compétences concrètes, mais aussi une meilleure estime d’eux-mêmes. Le numérique est un prétexte pour parler d’avenir, de dignité, d’émancipation.
Quels sont vos projets après votre diplôme décroché à SKEMA ?
Je souhaite poursuivre mes études dans le domaine du conseil en transformation digitale et innovation sociale. Mon ambition est d’accompagner des structures publiques ou privées dans des dynamiques de changement utiles à la société. Mais mon engagement de terrain restera intact.
À long terme, je veux structurer HUMANI’SPHERE comme une ONG panafricaine influente, capable d’intervenir sur des enjeux majeurs : l’éducation inclusive, la santé communautaire, l’égalité des genres. Je crois profondément que l’Afrique dispose déjà de ses bâtisseurs d’avenir. Il nous revient, à nous jeunes Africains d’activer ces énergies pour construire un développement humain, ancré dans nos réalités et porté par nos propres voix.