Etude Rexecode-SKEMA sur la compétitivité : les produits français à l’export séduisent… sauf par leurs prix

Selon l’Etude Rexecode-SKEMA 2025 de la compétitivité des exportations françaises, la France reste pénalisée à l’export par un déficit de compétitivité-prix, malgré des atouts reconnus en matière de qualité, de design et de notoriété. L’électronique tire son épingle du jeu.

Les produits industriels français souffrent toujours d’un positionnement délicat sur la scène internationale. C’est le principal enseignement de l’édition 2025 de l’Etude Rexecode-SKEMA de la compétitivité des exportations françaises.

Menée auprès de 480 importateurs dans six pays européens (Allemagne, Italie, Espagne, France, Belgique, Royaume-Uni), cette enquête dresse un état des lieux sans fard : si la France conserve une image de qualité, celle-ci ne suffit pas à justifier ses prix très élevés.

Un rapport qualité-prix encore peu favorable

Classée 7e sur 10 pour le rapport qualité-prix, la France est devancée par ses voisins allemands et italiens, mieux positionnés sur cet indicateur clé. Le coût élevé des produits hexagonaux constitue toujours un frein majeur à leur diffusion, avec une 8e place sur le critère du prix. À l’inverse, la compétitivité « hors prix » de la France est jugée solide (3e rang), portée par la qualité perçue, le design, les services associés et la notoriété des marques.

« Ces résultats illustrent un enjeu souvent mis en avant dans le commerce international : la compétitivité ne peut reposer uniquement sur une logique de prix. Ce sont la qualité perçue, l’innovation technologique et la confiance dans l’offre qui font la différence à long terme. Pour peser durablement sur les marchés mondiaux, l’industrie française doit continuer à investir dans ces dimensions de valeur ajoutée », explique Laurent Ferrara, professeur d’économie internationale à SKEMA Business School et président de l’International Institute of Forecasters.

L’électronique, domaine d’excellence tricolore

Une exception notable ressort néanmoins : les biens d’équipement électriques et électroniques. Dans ce secteur stratégique, la France se hisse au 1er rang mondial en matière de rapport qualité-prix, grâce à un positionnement équilibré entre perception hors prix (3e) et coût jugé raisonnable (6e). Un résultat qui tranche avec les performances plus modestes observées dans les biens intermédiaires ou les équipements mécaniques.

Cette dynamique est d’autant plus encourageante qu’elle s’inscrit dans une trajectoire d’amélioration depuis la précédente enquête réalisée en 2021. En électronique, la France gagne 7 rangs en ergonomie-design, 3 en notoriété, et autant en diversité de l’offre. La qualité perçue reste stable à un haut niveau (3e rang), derrière l’Allemagne et le Japon.

Un outil stratégique pour la réindustrialisation

Au-delà du diagnostic sectoriel, le rapport conjoint de Rexecode et SKEMA Business School vise à fournir une grille de lecture concrète aux décideurs publics comme privés. En cartographiant les attentes précises des acheteurs européens : qualité, innovation, délai, services, l’étude entend contribuer aux efforts de réindustrialisation de l’économie française.

« Alors que les mesures protectionnistes se multiplient, la compétitivité hors-prix est un facteur déterminant dans la résilience de nos exportations face aux mesures tarifaires. Notre étude objective le positionnement de nos exportations industrielles sur l’ensemble des caractéristiques hors prix. Elle éclaire ainsi sur notre capacité à inscrire la réindustrialisation dans la durée », souligne Olivier Redoulès, Directeur des études de Rexecode.

Dans un contexte de recomposition des chaînes de valeur sous l’effet des transitions écologique et technologique, la capacité de la France à conjuguer excellence, innovation et maîtrise des coûts sera déterminante pour redresser durablement sa balance commerciale.